FORMATION Digitale et Pédagogie

Du E-learning, les avantages sont connus et indéniables. Mais pourquoi est-il critiqué, voire parfois rejeté par les apprenants ? Voyons quelles sont les limites de la combinaison de ressources et d’activités pédagogiques en vue de former les apprenants à distance via des outils numériques ? La réponse ne doit-elle pas être recherchée du coté de la pédagogie ?

APPRENDRE À DISTANCE GRÂCE AUX OUTILS NUMERIQUES

E-learning, Serious game, Blended learning, Rapid learning, classe virtuelle, Mooc, Cooc et Spoc… vous avez déjà entendu au moins une fois l’un de ces termes. Depuis 20 ans en effet, le e-learning, avec toutes ses variantes, s’est invité dans le monde de la formation professionnelle, mais parfois le terme « e-learning » sert à désigner à peu près tout et n’importe quoi. Il apparait donc nécessaire de poser une définition simple pour éviter que le terme « e-learning » ne soit pas un mot valise utilisé à tort et à travers.

Quand on pose la question « le e-learning , c’est quoi ? », la réponse est dans la question, avec deux termes fondamentaux : « learning = formation » et « e = à distance ou digital ». Et c’est bien cela qu’il faut retenir, le e-learning c’est apprendre à distance en utilisant toute la palette des outils numériques.

L’intérêt du e-learning, c’est d’associer des dispositifs de natures différentes, dans la construction d’un produit de formation guidé par une trame pédagogique. Les différentes solutions que les techniques du digital nous ont apportées au cours des dernières années ne sont donc pas des solutions miracles, mais ne sont que des outils à mettre au service d’une construction pédagogique parfaitement structurée.

LE E-LEARNING, PANACÉE OU MIRAGE TECHNOLOGIQUE ?

Cours en ligne, travail collaboratif, E-learning, social learning, serious game, l’apprentissage se déroule de plus en plus vers le distanciel et les solutions digitales, au risque de laisser de côté la qualité du contenu pédagogique, parfois d’une indigence rare.

L’apparition de ces nouveaux outils a parfois laissé à penser qu’il n’était plus nécessaire d’avoir de vrais formateurs ou de vrais spécialistes de la formation, mais qu’une application permettant d’assembler en quelques clics des grains pédagogiques suffisait amplement.
Mais ces grains pédagogiques, par qui vont-ils être fournis à l’assembleur ? Par qui vont-ils être fabriqués ? En respectant quelle progression pédagogique ?

Même le plus performant des outils ne permet pas de créer ex nihilo, une formation en quelques clics, sauf à assembler de bric et de broc des images, des captures d’écrans, des informations glanées sur le web et plus ou moins fiables…
Il importe donc de faire le tri entre les innovations pédagogiques intéressantes et les fausses promesses technologiques qui sont le plus souvent accompagnées d’un discours marketing formaté assemblant des mots à la mode comme « innovant » et « disruptif » ou « engageant ».

Ces expressions sonnent bien et font moderne, mais il s’agit le plus souvent de mieux vendre un nouvel outil censé remplacer tout ce qui se faisait jusqu’alors. Tout cela nuit à l’apprentissage et à la réflexion en général.

IDÉES RECUES : LE E-LEARNING C’EST RAPIDE !

Opter pour le E-learning ne veut pas dire faire disparaître le temps de formation. Même à distance, la formation représente pour les utilisateurs une durée qu’il convient de prévoir. Le neuro-mythe en vogue sur la durée d’attention limitée à 10 minutes a milité en faveur des formats courts.

Mais les thèmes étudiés peuvent nécessiter un temps d’apprentissage incompressible. Nous avons vu des enfants de 15 ans apprendre en 5 minutes sur Youtube à réaliser un beurre blanc. Nous n’avons jamais vu la formation à la viscosité des huiles et à la consistance des graisses, ou à la clause bénéficiaire démembrée en assurance vie, être réalisée sur des formats courts.

Se former devant un écran veut dire fréquenter une plateforme de formation régulièrement, certes pendant des temps parfois courts, mais qui peuvent en cumul atteindre une durée conséquente… Pour que le dispositif fonctionne, il faut s’assurer que les utilisateurs auront la disponibilité nécessaire pour y participer.

Le e-learning, c’est facile

Bien souvent, si l’on interroge les apprenants se disant rétifs au e-learning parce qu’ils en ont fait l’expérience, que découvre-t-on ? Quelle a été leur expérience ?

Parfois une simple présentation Powerpoint mise en ligne. Même en y ajoutant des illustrations prises dans une banque d’images (ce qui prend beaucoup plus de temps que l’on pense), du son ou même quelques vidéos, ça ne changera pas grand-chose. Parfois la simple lecture de fichiers PDF agrémentés de quelques quiz, et d’une voix de synthèse.

Le risque est fort que les apprenants se désintéressent de la formation et vous courez à la catastrophe. Il est possible de transposer des formations présentielles en modules e-learning, mais cela nécessite un savoir faire, et nous pouvons vous aider.

IDÉES REÇUES : LE E-LEARNING, C’EST PAS CHER !

Cela n’est pas forcément faux, mais à condition d’identifier le ou les postes où les économies seront possibles :

LA CONCEPTION ?

La conception d’une formation e-learning repose, de la même façon que la conception d’une formation présentielle, d’abord sur les compétences pédagogiques d’un formateur ou d’une équipe de concepteurs. Des compétences graphiques seront également nécessaires. Des coûts techniques viendront s’y ajouter.
Soyons donc clairs : la conception et la réalisation d’une formation digitale nécessite un budget conséquent, au moins équivalent au budget nécessaire à la conception d’une formation en présentiel.

LE DÉPLOIEMENT ?

C’est ici que le e-learning va faire la différence : frais de déplacement, frais d’hébergement, rémunération des formateurs, location de salle etc. L’économie faite sur ces postes en cas de déploiement important d’une formation est tout de suite conséquente et amortit rapidement les coûts de conception.

UN CONSEIL : NE PAS COPIER LE PRÉSENTIEL

Le e-learning ne doit pas être la transposition des outils et supports du présentiel dans le distanciel.

Le e-learning doit être précis : ce qui fonctionne en présentiel, parce qu’il y a un échange, une interaction avec le formateur, ne fonctionne plus du tout en distanciel. En salle, le formateur repère immédiatement ceux qui viennent de décrocher parce qu’ils n’avaient pas compris. En formation digitale, peu de choses sont pardonnées par les apprenants si les contenus ne sont pas à la hauteur. L’apprenant, seul devant son écran, peut rapidement bâcler les modules qu’il ne comprend pas et quitter la formation.

Le e-learning doit être visuellement riche : même un powerpoint un peu maigre est « enrichi » par l’animateur.
Imaginez-vous face à un e-learning de 3 heures composé d’un powerpoint suivi d’un quiz, combien de temps pourrez-vous tenir ? Quelles seront votre attention et votre motivation ?
Un e-learning dynamique et interactif, qui multiplie les types d’exercices et les modalités pédagogiques, aura beaucoup plus d’impact. Plus le module e-learning sera bien pensé pédagogiquement, graphiquement riche, plus il sera efficace, et plus l’apprenant sera motivé à le suivre.

LE BON USAGE DES OUTILS NUMÉRIQUES

Grâce aux avancées technologiques, les experts du monde de la formation peuvent combiner pédagogie et outils digitaux pour inventer de nouvelles formes de transmission des connaissances. La formation e-learning, est une formation à part entière, la distance en plus.

Il est donc nécessaire de concevoir la formation avec encore plus de soin et d’anticipation qu’une formation traditionnelle. Il est nécessaire de réfléchir davantage aux besoins des apprenants concernés et aux moyens d’y répondre efficacement, et d’utiliser toute les possibilités techniques qui sont à notre disposition.

Il faut garder en mémoire qu’il n’existe pas d’outils pédagogiques par nature. Une vidéo, un quiz, un jeu ou même une animation en motion-design, ne sont pas pédagogiques en eux-mêmes.  Ils ne sont que des outils au service de la création pédagogique voulue par un formateur. Le numérique ouvre à la formation une voie différente. Si les formations répondent à un réel besoin, si elles s’adressent aux bonnes personnes, si elles prévoient le suivi des collaborateurs, si elles sont bien conçues et réalisées, elles ont toutes les chances d’être plébiscitées.

Quelque soit l'outil, la pédagogie prédomine

La formation n’est pas un but en soi, mais un processus qui fait appel non seulement à notre intelligence, mais aussi à nos sens et à nos émotions. Pour bien former les gens, il est donc indispensable d’utiliser toutes les composantes de nos capacités cognitives et il convient de s’appuyer sur la pédagogie pour concevoir une formation de qualité.

Les outils techniques qui sont à notre disposition, doivent donc être utilisés en conscience. La technologie doit être au service de la pédagogie et non l’inverse. Ce n’est pas en investissant de l’argent sur la dernière plateforme en vogue, que votre but sera atteint !